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Meslou loisirs ... Mille et une bonnes idées...
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9 août 2012

COMME UN MANTRA (suite et fin)

Des étendues infinies verdoyantes se déversent devant mes yeux jamais habitués a tant de beauté. Plus haut, un torrent de nuages s'abat en nuances de blanc et de gris sur ce tableau de chlorophylle. Plus de bruits de voitures. Il semble que la ville n'a jamais existé. Une mélodie que le béton n'entend jamais se joue : pépiements d'oiseaux, cris d'enfant, bruits de sabots. Et le parfum... tous mes sens se repaissent des nouveaux trésors que la nature accorde...

On a l'impression que même la vie a ralenti sa respiration. Les choses et les gens vont doucement. Le cœur bat moins vite, mais mieux qu'il y a quelques jours, dans la ville, enfermé au bureau, a l'usine, au boulot, au chagrin. On se rend compte tout d'un coup que la vie que l'on vit toute l'année n'est pas la vie. Elle est occupation, missions, devoirs, délais.

Pendant onze mois, on attend on attend le douzième qui nous libérera, au moins temporairement de nos chaînes. Celui des vacances. D'ailleurs, jamais un mot n'aura été si mal employé que celui-ci. La vacance se définit dans le dictionnaire comme l'absence. Et pourtant, durant celles-ci on se sent plein, vivant, rempli de nouvelles sensations. On se ressource, on se recharge, on se refait. On renait...

Bon, ça c'est pour le premier jour. Mais à partir du second... on commence à déchanter !  D'abord parce que la nature ça va bien un moment, mais bon quand on a fini de contempler les champs du voisin d'en face et ses vaches qui passent leur vie à brouter l'herbe et à miner les environs de bouses immondes dont l'odeur empuantissant votre petite location vous en vient à vous faire regretter les exhalaisons de sueur et l'haleine fétide de votre collègue de bureau qui s'obstine à vouloir vous faire la bise tous les matins… quand on a fini de détailler le paysage donc, on s'aperçoit qu'il n'y a pas grand-chose à faire dans le coin. Ensuite, plongé dans vos rêveries, vous n'avez pas vu le temps passer, et, vous vous rendez compte que vous n'avez rien à manger dans vos armoires. Sauf qu'a la campagne, tout ferme à 19 heures… Et vous qui avez l'habitude de faire vos courses a carrefour à 20 heures après le boulot, vous voilà pris de court. Il ne vous reste plus qu'à commander une pizza. Et, horreur, vous prenez enfin la mesure des inconvénients de ces contrées hostiles, barbares et isolées qui s'étendent jusqu’au bout de l’horizon à partir de la sortie du péage de saint Arnould : la première pizzeria se trouve à au moins trente kilomètres de chez vous. Et ne pensez pas au Quick malheureux, les autochtones du coin ne comprennent aucune langue étrangère…

Vous vous couchez donc le ventre vide en maudissant ce lopin de terre peuplé de culs terreux (la douleur vous égare et vous fait prendre ce ton ordurier que l’honnêteté m’oblige à retranscrire ici…). Vous regrettez de ne pas avoir suivi votre premier idée de prendre trois semaines au Club Med à Djerba en all inclusive et jouer la grillade au bord la piscine quand ce n'est pas pour vous faire exploser la panse au buffet thématique du village vacances... Mais votre femme avait insisté pour éviter le tourisme de masse et bronzer intelligent en partant à la nature… Vous auriez dû suivre votre intuition ( car les femmes n'ont pas d'instinct...).

 Ah oui, j’oubliais,  et qui dit nature, dit d'abandonner le rêve illusoire de recevoir correctement la télé hormis France 3 Régional ou Normandie tv ( à vous de remplacer Normandie par Clermont, Ploumanac, la Tranche ou toute province dans laquelle votre inconséquence vous aura perdu...). Ne parlons même pas d'internet ou de votre portable :  Pour avoir du réseau, il faut se poster a un endroit précis du jardin. Et encore, il faut le faire par temps clair et surtout ne pas bouger d'un centimètre de ce petit mètre carré béni par les dieux des télécom...

En d'autres termes et en faisant un bref point sur votre situation vous êtes coupé du monde civilisé, sans rien à manger, au beau milieu d’un coin que vous ne connaissez pas. Mais tout cela n'est pas grave : rien ne peut entamer votre bonheur d'être là. Vous êtes en vacances. Vous êtes en conges ! La vie est belle. Vous pouvez faire ce que vous voulez (même si pour l'instant vous ne pouvez pas faire grand-chose si ce n'est de continuer à regarder bêtement le paysage…). Comme tous les forçats du travail et de la vie citadine, il vous faudra un petit temps d'adaptation ( qui ne devrait pas excéder deux semaines, soit près des trois quarts de vos vacances), pour vous faire a la vraie vie. Vie que vous regretterez une fois votre bureau retrouvé, ainsi que votre collègue Jean Louis et son haleine de toilettes a la turque... 

Vous regretterez vos vacances sans Zara, sans « Galaf » ou sans H&M ouverts jusqu'à pas d’heure, sans kebab du coin, sans internet, sans votre sport à la télé, sans ce que vous croyez être la civilisation et vous vous demanderez comment vous allez faire pour pouvoir supporter cette vie de dingue encore un an. Vous direz a votre conjointe : » et si on déménageait pour une vie à la campagne ? Ca nous changerait de notre vie de fous ! ». Comme à chaque fois, celle-ci ne prendra même pas la peine de vous répondre et vous lancera une fois de plus un de ces fameux regards qui veut dire : « c'est une nouvelle lubie qui, comme ton projet d'ouvrir un resto dans le Larzac ou une boutique de vente de café équitable ne durera pas longtemps ». Et vous, où que vous soyez, en vacances ou au boulot, continuerez à rêver de ce que vous n'avez pas...

 

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